Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel

Du 17 au 23 Octobre

L’allaitement maternel Pas à Pas

jeudi 30 avril 2009

Premier pipi...

...dehors!

Petit tour en voiture pour faire quelques courses. On se gare. Le petit Bout se réveille et qui dit réveil, dit envie de faire pipi (comme moi d'ailleurs!). D'habitude, j'fais style de rien. Hop dans l'écharpe et on pense à autre chose. Mais là, la canaille me regarde dans les yeux et je peux plus faire l'ignorante... Il fait grand soleil, y'a personne sur le parking...je me lance! J'enlève la couche, j'entrouvre la portière, je tremble que ma belle mère, comme de par hasard, se pointe et hop, petit pipi et grand sourire de satisfaction!

Alors ça n'a l'air de rien un petit pipi comme ça, mais pour moi, c'est un pas de plus vers la dépanurgisation et de la cohérence pour mon tout petit...

dimanche 26 avril 2009

Avis à la population!

Demain, débute la Semaine Internationale de la Couche Lavable :

Pour l'occasion, je vais faire un petit bilan de notre expérience de 6 mois en lavable (a mi temps maintenant puisque nous utilisons l'hygiène naturelle de notre petit bout), vite fait, là, parce que le petit bonhomme fait une sieste et me laisse (une fois n'est pas coutume) la main droite dispo pour pianoter (houra!)
Pour nous, c'est langes à nouer Disana et culottes de laine
Pour faire un choix avant la naissance, je voulais que les couches répondent à plusieurs critères :
Utilisation intensive
Elles sont résistantes, même les petits liens n'ont pas sourcilié
Séchage rapide (pas de sèche linge)
Pour sûr, y'a pas plus rapide, une demi journée si il pleut pas, a peine la journée sinon
Doux pour bb
Sans sèche linge, elles deviennent rêche. Faut que j'essaie de les "décrasser"
La laine, c'est top pour les petites cuisses (ça serre pas) et les petites fesses (ça laisse respirer)
Écologique
Coton (pas top) bio (c'est déjà ça), fabrication Allemande
Et la laine, c'est renouvelable!
Économique
30 euros les 10 (il en faut une vingtaine), 12 euros la culotte de laine (3 par tailles), 2,5 euros l'insert(20 aussi)
Les langes sont taille unique
Pas trop compliqué pour le Papa
Faut le coup de main, mais c'est rapide à avoir. Pas vraiment plus compliqué pour lui (et moi) que de mettre une couche jetable à un petit asticot!

Après, j'ai eu envie de tester un peu autre chose, pour voir : celles qui s'attachent à scratch, à pressions, d'autres matières comme le bambou, le polaire (pour la couche de protection), mais rien ne combine tous les critères.

On utilise maintenant les langes sans culottes de protection, comme ça, si j'ai rien compris aux demandes de petit bout, je vois de suite si il a fait pipi et ça évite les inondations sur le canap' (moi perso, ça me gênerait pas trop, c'est l'Papa qui marronne!).

Je pense que quand on se met aux lavables, c'est un peu comme tout. Au début, on galère un peu (dans la choix, l'utilisation, l'organisation), c'est jamais 100% garantie efficace toute une nuit, parfois, une "bonne" vieille jetable est bien appréciable (chez belle maman, au début, qui viens inspecter le change pour pouvoir dire : "tu te compliques bien la tâche quand même avec tes trucs de mami", ben nan, j'suis souple comme fille, j'm'adapte a la situation!). Mais c'est tellement bon de ce dire que nos efforts sont payants : meilleurs pour bb (même si pas de couches c'est le top!) qui n'a pas de fesses rouges et qui sait si il a fait pipi, meilleurs pour la planète (toujours pas mieux que pas de couches du tt, hein!), meilleurs pour moi (la poubelle chez nous, elle est loin), j'irai même jusqu'à dire meilleurs pour le beau (la blogosphère regorge de créatrices de mode de couches), pour engager une conversation (des couches lavables???mais comment tu fais????), faire rigoler (avec bb en couche peau de dalmatien)...

Bonne semaine de la couche lavable!



mercredi 22 avril 2009

Loin de moi l'idée de faire un parallèle ;-)

AN 2043 : UN GRAND PAS EN AVANT DANS LA LIBERATION DE LA FEMME !
(auteur inconnu, trouvé ici)

De plus en plus de femmes trouvent difficilement supportable de subir 9 mois de grossesse, avec tous les inconvénients, risques et contraintes que cela implique (inconfort, déformation du corps, risque de maladies liées à la grossesse, obligation d'avoir une bonne alimentation, de limiter la consommation de tabac, d'alcool...). Et de plus en plus d'hommes trouvent choquant que les organes génitaux féminins soient utilisés pour autre chose que les rapports sexuels. En outre, le fait qu'une femme enceinte s'exhibe hors de son domicile est considéré comme du harcèlement sexuel dans certains pays. Les utérus artificiels existent depuis longtemps, mais leur complexité, rendant obligatoire une maintenance en service hospitalier, ne permettait qu'à quelques privilégiées d'en bénéficier. La société Schnouff-Letordu a mis au point un utérus artificiel d'une conception révolutionnaire, pouvant être utilisé très facilement au domicile, et d'un prix le mettant à la portée de la plupart des familles. MAMA-PLUS sera disponible très prochainement dans toutes les pharmacies, et représente la solution d'avenir pour les couples modernes.
Après fécondation naturelle, l'embryon sera placé dans l'appareil à l'occasion d'une simple visite chez un gynécologue. L'appareil le maintiendra à température constante, et le nourrira automatiquement. La mère sera totalement libre de faire tout ce qu'elle souhaite, la seule contrainte de l'appareil étant le changement, 4 fois par jour, de la solution nutritive (ce qui ne prend que quelques minutes). De plus, le père (en particulier) pourra, lui aussi, changer la solution nutritive et surveiller le bon développement du fœtus, ce qui lui permettra de tisser un lien plus étroit avec son enfant. MA Bouleux, concepteur de l'appareil, pense que " bon nombre de femmes porteront l'enfant dans leur utérus pendant les premières semaines, pour le plaisir d'éprouver des sensations nouvelles, mais que les nausées du premier trimestre les amèneront rapidement à transférer le fœtus dans Mama-Plus. " Il estime cependant possible que quelques " extrémistes " persistent à préférer porter elles-mêmes le fœtus jusqu'à 6 mois de grossesse et au-delà. Cette pratique serait cependant susceptible de porter préjudice à l'enfant, certains auteurs ayant récemment avancé l'idée qu'un fœtus ayant vécu dans l'utérus de sa mère pendant plus de 6 mois avait, par la suite, des difficultés à acquérir son autonomie.
" Certes, les études faites jusqu'à ce jour montrent que les enfants sont en meilleure santé après une grossesse passée entièrement dans l'utérus maternel ; mais, en réalité, la différence est minime. Décider entre une grossesse naturelle ou l'utilisation d'un utérus artificiel est maintenant une question de choix personnel, et il serait malhonnête de tenter de culpabiliser les femmes qui, aux risques et aux inconvénients d'une grossesse naturelle, préfèrent la facilité, la tranquillité et la fiabilité offertes par Mama-Plus. "
Pour lancer son produit, le fabricant met actuellement au point une vaste campagne de publicité, visant tant les professionnels de santé que le grand public : brochures d'information, spots publicitaires, feuilleton télévisé centré sur Mama-Plus... Il a aussi entamé des pourparlers avec les services de santé et les associations caritatives pour subventionner la distribution gratuite de Mama-Plus aux femmes des milieux les plus défavorisés.

mercredi 15 avril 2009

Un choix cornélien

Je me posais pas la question, puisque c'est obligatoire, que je l'ai été, vous aussi certainement et que je partais du postulat que la société n'a qu'un but pour nos bébés : leur bien.
Petit Bout est né.
Et j'ai découvert (et me suis intéressé à) des notions toutes nouvelles :


Conflit d'intérêt

"Un conflit d'intérêt est une situation délicate dans laquelle une personne ayant un poste de confiance, tel qu'un avocat, un médecin, un homme politique, un cadre ou un dirigeant d'entreprise a des intérêts professionnels ou personnels en concurrence avec la mission qui lui est confiée. De tels intérêts en concurrence peuvent la mettre en difficulté pour accomplir sa tâche avec impartialité.
Même s'il n'y a aucune preuve d'actes préjudiciables, un conflit d'intérêt peut créer une apparence d'indélicatesse susceptible de miner la
confiance en la capacité de cette personne à assumer sa responsabilité" Wikipédia



Mélange des genres

Difficile à définir, alors quelques exemples pour comprendre :

"La drôle d'idée de la section "Lycées" à l'UMP. Pour attirer de nouveaux adhérents, une soirée spéciale a été organisée dans une boite de nuit à Paris le 28 mars dernier. Une consommation gratuite contre une adhésion.."(RTL.fr)

"...quand Emmanuel Chain, producteur, s’occupe aussi de la communication de Christine Boutin" (politique.net)

"Dès 2002, GSK s'est engagé dans la formation médicale continue auprès des médecins et des pharmaciens"


Lobbying

"action menée par un groupe organisé pour infléchir les décisions de la puissance publique dans le sens de ses idées ou de ses intérêts " (Encarta)


Alors c'est avec tout ça qu'il faut que je fasse des choix pour la santé de mon tout petit. Mais là, j'y arrive pas. Là, c'est histoire de vaccination (parlons pas trop fort). Les sujets fleurissent, les pour, les contre, le débat devient politique parfois (souvent...toujours). Moi, j'veux pas faire polémique, j'veux juste pouvoir me faire un avis objectif. Comment ça, j'peux pas? Ah non?!Y'a pas d'étude claire faite sur le sujet?Ben non.

Je dois faire le choix entre : risquer un accident de vaccination plus ou moins grave ou risquer que notre petit ne contracte une maladie a l'issue plus ou moins grave. Et cela avec des chiffres invérifiables, fournis par des institutions dont leurs membres ont de sérieux conflits d'intérêt, dont les décisions sont prisent lors d'un somptueux repas proposé par des lobbyistes de l'industrie pharmaceutique, le tout, baignant dans un étrange mélange des genres entre un pédiatre et un visiteur médical (un stylo contre un vaccin...?).

Ben c'est un choix cornélien...

mardi 7 avril 2009

Comprendra qui pourra....

Article trouvé ici, et tellement vrai...

"Le bébé aux besoins intenses est ÉCONOMIQUE !Avant que notre fils naisse j’étais impressionnée par l’offre des détaillants en puériculture et me posait des questions sur l’utilité des articles. Nos intenses nous ont apporté la réponse, la voici catalogue en mains :


Le lit : INUTILE Le bébé aux besoins intenses ne dort quasiment jamais ou seulement SUR maman ou en écharpe


La table à langer : A ÉVITER Mon bébé aux besoins intenses, se cabrait tellement en hurlant, qu’à la maternité il a failli en tomber. Préférer le sol.


La turbulette, la couverture : INUTILE Le bébé aux besoins intenses ne supporte pas d'être couvert.


L’anneau ou le transat de bain : INUTILE Mon bébé aux besoins intenses cherchait à s’échapper et j’avais ainsi peur qu’il se noie. Allongé au fond de la grande baignoire en toute liberté avec de l’eau jusqu’au visage, quelle libération, c’était le seul moment où les hurlements cessaient.


La tétine ou sucette : INUTILE Recrachée instantanément.


La chaise haute : DANGEREUX Le bébé aux besoins intenses est hypertonique, à force de pousser sur les jambes, il renverse même les plus stables.


Le tapis d’éveil : L’ARNAQUE ! « l’enfant joue, se retourne, s’endort » la bonne blague ! Non seulement aucun intense ne s’est jamais endormi pouf comme ça, mais en plus impossible de les faire rester sur un si espace si restreint.


Le doudou : L’ARNAQUE 2 Qu’on me trouve un intense qui ait un autre doudou que sa maman !


Le baby phone : INUTILE Le bébé aux besoins intenses hurle suffisamment fort pour l’entendre où que ce soit dans la maison ! Merci à Chloé pour le baby phone, c’est de sa réflexion sur leur inutilité qu’est parti cet article !


Le parc : INUTILE Autant mettre un lion en cage.


La poussette, le landau : INUTILE Ou c’est une promenade hurlante assurée, le bébé aux besoins intenses a exclusivement besoin d’être PORTÉ


Le siège auto : INUTILE jusqu’à 6 mois Les 6 premiers mois, le bébé aux besoins intenses hurle en voiture.

Quand on est parent de bébé aux besoins intenses, il en faut de l’imagination à l’économie, la plupart du temps l’un des deux ne reprendra pas son activité professionnelle."

lundi 6 avril 2009

Journée (a)typique


Je n'ai aucune idée de ce que peut être un tag, mais puisque c'en n'est pas vraiment un, je me dis que je peux le faire!

Je réfléchis un peu (3 neurones de dispo). Une journée type chez nous, c'est quoi?hier, avant hier ou la semaine prochaine, ça sera toujours complètement diffèrent. Dès que j'ai l'impression qu'il y a un rythme, le lendemain, c'est diffèrent. Mais "en gros", mes journées tournent autour de "GRANDS" thèmes :

On se reveille. Entre 7h et 12h (le petit bout nous gratifie quelques fois de belles grasses mat'!)

Pipi.

Petit déj, ou lutte, suivant les jours, parce qu'étaler le beurre avec un petit bout sur les genoux qui hésite entre téter et attraper le couteau, c'est parfois du sport.

Tentative d'allumage de pc...échouée...


Ouverture de la machine à laver.

Sieste (parfois) d'au moins 15 minutes! (le revers de la médaille des douces nuits de 10 heures mini.)


Tétée.

Là, faut faire des choix : soit je mange, soit je m'habille, soit je me lave. Rarement les 3 dans une même journée. (souvent je choisis de manger...).

Tentative d'allumage de pc...échouée...


Allumage du pc!

Mise dans l'écharpe. Giguotage. Descente de l'écharpe. Pipi. Remise dans l'écharpe...

Ballade dans l'écharpe ou passage d'aspi pour endormir la bête (dépend du temps qu'il fait)

Dodo avec une main dispo pour la souris...30 min de ballade sur le net.

Réveil et pipi.

Sortie du linge de la machine. Il est 17h en gros

Tétée

Étendage parfois

pipi

Arrivée du Papa, youpi, c'est la fête! Je fais tout ce dont j'ai envie et pas pu ou pas pensé à faire : pipi, boire, manger un carré de chocolat...

Et quand le Papa me demande ce qu'on a fait (tient, j'ai un rapport social, on me pose une question, je dois réfléchir!) C'est vrai ça, qu'est ce qu'on a fait dans la journée? Mais pourtant je suis fatiguée...

Bain ou visite de blogs (peut être parce que ça me donne l'impression de sortir ou de parler avec des gens...)), suivant qui le fait.

Massage du petit bout (le secret de nos nuits de rêve?)

Pipi

Tétée

Repas (sportif...la diversification ne me semble pas très loin!)

Ballade de la tornade dans les bras du papa , une passion pour le petit bout, qui contemple tout.

Tétée

22h : Petit bout s'endort dans mes bras, une goutte de lait dans le coin du sourire. Il a passé une bonne journée. Je n'ai rien fait de quantifiable, juste aidé notre petit à grandir d'une journée, mais c'est un vrai boulot!

Si je suis en position adéquat je lit sur internet. Ça y est, j'ai une crampe dans l'épaule, la souris est trop loin...J'écrirais bien un commentaire sur ce message...pas moyen. Si je bouge, le petit bout se réveille. Il est 23h, je vais au lit!





Manger... avec un BABI sur les genoux!

samedi 4 avril 2009

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier

Le texte est long, mais criant de vérité. Lancez le lecteur, la reprise en musique est parfaite a mon goût. A écouter les jours de grand vent (de déprime quoi...)

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Vidéo envoyée par entimatrix


Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (1952)
Stig DAGERMAN (1923-1954)
Traduit du suédois par Philippe Bouquet

Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.


En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’un souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.

Qu’ai-je alors entre mes bras ?


Puisque je suis solitaire : une femme aimée ou un compagnon de voyage malheureux. Puisque je suis poète : un arc de mots que je ressens de la joie et de l’effroi à bander. Puisque je suis prisonnier : un aperçu soudain de la liberté. Puisque je suis menacé par la mort : un animal vivant et bien chaud, un cœur qui bat de façon sarcastique. Puisque je suis menacé par la mer : un récif de granit bien dur.


Mais il y a aussi des consolations qui viennent à moi sans y être conviées et qui remplissent ma chambre de chuchotements odieux : Je suis ton plaisir – aime-les tous ! Je suis ton talent – fais-en aussi mauvais usage que de toi-même ! Je suis ton désir de jouissance – seuls vivent les gourmets ! Je suis ta solitude – méprise les hommes ! Je suis ton aspiration à la mort – alors tranche !


Le fil du rasoir est bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : par les bouches avides de la gourmandise, de l’autre par l’amertume de l’avarice qui se nourrit d’elle-même. Mais je tiens à refuser de choisir entre l’orgie et l’ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du gril de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n’est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d’une excuse : le pardon. L’idée me vient finalement que toute consolation ne prenant pas en compte ma liberté est trompeuse, qu’elle n’est que l’image réfléchie de mon désespoir. En effet, lorsque mon désespoir me dit : Perds confiance, car chaque jour n’est qu’une trêve entre deux nuits, la fausse consolation me crie : Espère, car chaque nuit n’est qu’une trêve entre deux jours.


Mais l’humanité n’a que faire d’une consolation en forme de mot d’esprit : elle a besoin d’une consolation qui illumine. Et celui qui souhaite devenir mauvais, c’est-à-dire devenir un homme qui agisse comme si toutes les actions étaient défendables, doit au moins avoir la bonté de le remarquer lorsqu’il y parvient.


Personne ne peut énumérer tous les cas où la consolation est une nécessité. Personne ne sait quand tombera le crépuscule et la vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas. Je peux, par exemple, marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l’éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n’est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure – et quelle misérable consolation, qui n’enrichit que les Suisses !


Je peux rester assis devant un feu dans la pièce la moins exposée de toutes au danger et sentir soudain la mort me cerner. Elle se trouve dans le feu, dans tous les objets pointus qui m’entourent, dans le poids du toit et dans la masse des murs, elle se trouve dans l’eau, dans la neige, dans la chaleur et dans mon sang. Que devient alors le sentiment humain de sécurité si ce n’est une consolation pour le fait que la mort est ce qu’il y a de plus proche de la vie – et quelle misérable consolation, qui ne fait que nous rappeler ce qu’elle veut nous faire oublier !


Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de mots que puisse imaginer mon cerveau. Etant donné que je cherche à m’assurer que ma vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en un livre et je l’offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à contribuer au progrès de la littérature – je ne désire que ce que je n’aurai pas : confirmation de ce que mes mots ont touché le cœur du monde. Que devient alors mon talent si ce n’est une consolation pour le fait que je suis seul – mais quelle épouvantable consolation, qui me fait simplement ressentir ma solitude cinq fois plus fort !


Je peux voir la liberté incarnée dans un animal qui traverse rapidement une clairière et entendre une voix qui chuchote : Vis simplement, prends ce que tu désires et n’aie pas peur des lois ! Mais qu’est-ce que ce bon conseil si ce n’est une consolation pour le fait que la liberté n’existe pas – et quelle impitoyable consolation pour celui qui s’avise que l’être humain doit mettre des millions d’années à devenir un lézard !


Pour finir, je peux m’apercevoir que cette terre est une fosse commune dans laquelle le roi Salomon, Ophélie et Himmler reposent côte à côte. Je peux en conclure que le bourreau et la malheureuse jouissent de la même mort que le sage, et que la mort peut nous faire l’effet d’une consolation pour une vie manquée. Mais quelle atroce consolation pour celui qui voudrait voir dans la vie une consolation pour la mort !


Je ne possède pas de philosophie dans laquelle je puisse me mouvoir comme le poisson dans l’eau ou l’oiseau dans le ciel. Tout ce que je possède est un duel, et ce duel se livre à chaque minute de ma vie entre les fausses consolations, qui ne font qu’accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. Je devrais peut-être dire : la vraie car, à la vérité, il n’existe pour moi qu’une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l’intérieur de ses limites.


Mais la liberté commence par l’esclavage et la souveraineté par la dépendance. Le signe le plus certain de ma servitude est ma peur de vivre. Le signe définitif de ma liberté est le fait que ma peur laisse la place à la joie tranquille de l’indépendance. On dirait que j’ai besoin de la dépendance pour pouvoir finalement connaître la consolation d’être un homme libre, et c’est certainement vrai. A la lumière de mes actes, je m’aperçois que toute ma vie semble n’avoir eu pour but que de faire mon propre malheur. Ce qui devrait m’apporter la liberté m’apporte l’esclavage et les pierres en guise de pain.


Les autres hommes ont d’autres maîtres. En ce qui me concerne, mon talent me rend esclave au point de pas oser l’employer, de peur de l’avoir perdu. De plus, je suis tellement esclave de mon nom que j’ose à peine écrire une ligne, de peur de lui nuire. Et, lorsque la dépression arrive finalement, je suis aussi son esclave. Mon plus grand désir est de la retenir, mon plus grand plaisir est de sentir que tout ce que je valais résidait dans ce que je crois avoir perdu : la capacité de créer de la beauté à partir de mon désespoir, de mon dégoût et de mes faiblesses. Avec une joie amère, je désire voir mes maisons tomber en ruine et me voir moi-même enseveli sous la neige de l’oubli. Mais la dépression est une poupée russe et, dans la dernière poupée, se trouvent un couteau, une lame de rasoir, un poison, une eau profonde et un saut dans un grand trou. Je finis par devenir l’esclave de tous ces instruments de mort. Ils me suivent comme des chiens, à moins que le chien, ce ne soit moi. Et il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de la liberté humaine.


Mais, venant d’une direction que je ne soupçonne pas encore, voici que s’approche le miracle de la libération. Cela peut se produire sur le rivage, et la même éternité qui, tout à l’heure, suscitait mon effroi est maintenant le témoin de mon accession à la liberté. En quoi consiste donc ce miracle ? Tout simplement dans la découverte soudaine que personne, aucune puissance, aucun être humain, n’a le droit d’énoncer envers moi des exigences telles que mon désir de vivre vienne à s’étioler. Car si ce désir n’existe pas, qu’est-ce qui peut alors exister ?


Puisque je suis au bord de la mer, je peux apprendre de la mer. Personne n’a le droit d’exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux, ou du vent qu’il gonfle perpétuellement toutes les voiles. De même, personne n’a le droit d’exiger de moi que ma vie consiste à être prisonnier de certaines fonctions. Pour moi, ce n’est pas le devoir avant tout mais : la vie avant tout. Tout comme les autres hommes, je dois avoir droit à des moments où je puisse faire un pas de côté et sentir que je ne suis pas seulement une partie de cette masse que l’on appelle la population du globe, mais aussi une unité autonome.


Ce n’est qu’en un tel instant que je peux être libre vis-à-vis de tous les faits de la vie qui, auparavant, ont causé mon désespoir. Je peux reconnaître que la mer et le vent ne manqueront pas de me survivre et que l’éternité se soucie peu de moi. Mais qui me demande de me soucier de l’éternité ? Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. Les possibilités de ma vie ne sont limitées que si je compte le nombre de mots ou le nombre de livres auxquels j’aurai le temps de donner le jour avant de mourir. Mais qui me demande de compter ? Le temps n’est pas l’étalon qui convient à la vie. Au fond, le temps est un instrument de mesure sans valeur car il n’atteint que les ouvrages avancés de ma vie.


Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie.


Je soulève donc de mes épaules le fardeau du temps et, par la même occasion, celui des performances que l’on exige de moi. Ma vie n’est pas quelque chose que l’on doive mesurer. Ni le saut du cabri ni le lever du soleil ne sont des performances. Une vie humaine n’est pas non plus une performance, mais quelque chose qui grandit et cherche à atteindre la perfection. Et ce qui est parfait n’accomplit pas de performance : ce qui est parfait œuvre en état de repos. Il est absurde de prétendre que la mer soit faite pour porter des armadas et des dauphins. Certes, elle le fait – mais en conservant sa liberté. Il est également absurde de prétendre que l’homme soit fait pour autre chose que pour vivre. Certes, il approvisionne des machines et il écrit des livres, mais il pourrait tout aussi bien faire autre chose. L’important est qu’il fasse ce qu’il fait en toute liberté et en pleine conscience de ce que, comme tout autre détail de la création, il est une fin en soi. Il repose en lui-même comme une pierre sur le sable.


Je peux même m’affranchir du pouvoir de la mort. Il est vrai que je ne peux me libérer de l’idée que la mort marche sur mes talons et encore moins nier sa réalité. Mais je peux réduire à néant la menace qu’elle constitue en me dispensant d’accrocher ma vie à des points d’appui aussi précaires que le temps et la gloire.


Par contre, il n’est pas en mon pouvoir de rester perpétuellement tourné vers la mer et de comparer sa liberté avec la mienne. Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face aux organisateurs de l’oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c’est que l’homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les exigences qui pèsent sur l’homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C’est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l’oiseau et que l’animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?


Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même – mais, d’un autre côté, c’est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s’exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n’aurai plus que le silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant.


Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu’une consolation et plus grande qu’une philosophie, c’est-à-dire une raison de vivre.


Enquête sur la naissance

Vous avez accouché entre 2005 (en référence au plan périnatalité 2005-2007) et 2009.

Vous pouvez télécharger le questionnaire ici.

Un bon film...

Un bon livre...

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